MFC J-2 Place aux distributeurs
Au cœur du MFC, les rendez-vous ont constamment fait salle comble. La journée s’est déroulée en deux parties. La matinée était consacrée aux films de patrimoine : promotion, marketing, communication : quels moyens ? Quels enjeux ? dans une table ronde où sont intervenus Anne-Laure Brénéol (Malavida), Victoire Thévenin (MK2 films), Ariane Toscan du Plantier (Gaumont), Thomas Baurez (Studio ciné live), Jean-Fabrice Janaudy (cinéma Le Vincennes et Acacias films) et Gilles Sebbah (TF1 studio). L’après midi était consacrée aux distributeurs qui étaient invités à présenter leur line-up.
La table ronde du matin s’articulait autour de la communication et la promotion du film classique. Le marché ultra concurrentiel du cinéma (271 français sortis en 2015 dans les salles) ne laisse que peu de places aux ressorties. Comment s’insérer dans un tel marché ? Les diffuseurs comme les exploitants doivent redoubler d’imagination pour faire émerger les films de patrimoine de ce marasme. Beaucoup de points communs apparaissent dans les stratégies de chacun. Un travail important est fourni sur la communication digitale. Les affiches sont refaites, les campagnes d’affichages sont légères mais restent un vecteur intéressant pour amener le public en salle, tel que Tamasa l’a constaté sur Masculin Féminin. Ainsi la recréation et la réactualisation d’images autour du film est importante puisqu’elle installe le film dans ce que nos intervenants appellent « l’air du temps », la mode joue beaucoup pour faire revenir un film sur le devant de la scène. Pour qu’un film puisse vivre, il faut le faire exister en salles. Même si les projections ne sont pas forcément rentables elles apportent un crédit qui provoque la curiosité des spectateurs. Ainsi le Vincennes a pu remarquer que son public se déplaçait pour voir des films classiques lorsqu’ils étaient programmés à heure fixe de manière régulière.
Les partenariats sont d’une importance cruciale, que ce soit les exploitants ou les distributeurs, ils s’associent avec des écoles, des instituts, des associations pour donner un cheminement au film qu’il n’aurait pas parcouru sans, l’idée étant de d’impliquer le public dans la ressortie. Pathé rapporte que le public ne fait pas l’effort de rechercher un film classique une fois chez eux sur les plateformes VOD. La sensibilisation du public passe donc par des programmes, les festivals, des cycles, des accompagnements des ressorties avec des artistes, critiques ou philosophes qui s’expriment sur l’importance de l’œuvre projetée.
Les distributeurs mettent tout de même l’accent sur la salle et l’importance de leur entente avec les exploitants. Il faut arriver à recréer un lien affectif entre un film et son exploitant. D’où les projections professionnelles pour faire naitre ce lien, faire voir qu’un film en salle a son importance. Si les films ne sont pas projetés, ils ont moins de chance d’exister.
L’autre fait important est la communication numérique à travers les réseaux sociaux pour créer des communautés. MK2 en a fait l’expérience avec la ressortie du décalogue de Kieslowski le 29 juin. Les jeunes ont été très à l’écoute de cette stratégie, la page Facebook a relayé régulièrement la bande annonce et des questions concernant le film, recensant 30 000 vues pour la vidéo et une soixantaine de réponse par question en moyenne. Malheureusement, cela ne s’est pas confirmé en salles. Mais on remarque qu’une communauté reste demandeuse sur internet la non-existence de cette œuvre en VOD ne permet pas de savoir si il en aurait profité.
Enfin la presse joue un rôle essentiel. C’est l’une des différences notable entre les films originaux et ceux d’hier, les médias ne relaient pas l’information de la même manière. Les critiques sont rares et peu conséquentes. Il a été souligné qu’un film avec de la critique gagnait en visibilité. Des projections presses sont alors mises en place pour pousser les journalistes à s’emparer de ce sujet et à défendre des restaurations.
Le dernier intervenant a fait le parallèle entre le marché français et le marché britannique puisque Kevin Lambert est le directeur du catalogue. D’entrée il a fait part de son étonnement quant aux remarques sur le déclin du DVD en France puisque notre pays détient l’un des meilleurs marché au monde pour les films de patrimoine. En Angleterre, la vente de DVD et Blu-Ray continue de croitre s’appuyant sur le côté fétichiste et collectionneurs des britanniques. De fait, chaque objet doit être important et bien conçu. Arrow ne fait pas de vulgaires DVD en plastiques mais au contraire beaucoup d’éditions enrichies avec des livres, des bonus, interviews. Les versions limitées se vendent extrêmement bien (5000 exemplaires). TF1 a décidé de prendre la même voie en proposant des coffrets et des éditions très bien finies pour évènementialiser le nouveau parcours de l’œuvre. Gilles Sebbah a insisté sur la nécessité des différents mondes (salles, festivals, DVD, VOD, télé,…) à s’allier. Il ne faut pas que l’outil freine la consommation, bien au contraire, indiquant que – pour lui – si quelqu’un voulait regarder un film sur son téléphone il devait pouvoir le faire, restant une manière de voir un film.
Le brunch habituel offert par le MFC a été servi à 12h afin que chacun puisse reprendre des forces et assister au rendez-vous des distributeurs qui venaient présenter leur line-up pour l’année 2017 et faire un point sur l’année écoulée. Le rendez-vous était donné musée Gadagne, le plus grand édifice Renaissance accessible du Vieux Lyon, l’édifice et le quartier étant classés au Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’UNESCO.

Le musée Gadagne
Dans un auditorium complet, les sociétés ont diffusé des bandes annonces de leurs films faisant admirer l’incroyable richesse des ressorties sur le marché français. Tous étaient très enthousiastes pour présenter leur programme, se répondant rapidement.
A noter la présence de l’AFCAE et l’ADRC qui ont chacun montré leurs créations : une mini-série de films (4 minutes) présentant la séance que le spectateur va regarder. Ces courts-métrages sont fait d’interviews de spécialistes qui éclairent le film à travers des anecdotes, des sens cachés ou les influences du réalisateur par exemple. Ces films sont très appréciés du public et ne sont programmés que dans les salles art et essais partenaires (dans le cas de l’ARDC c’est un partenariat avec LaCinetek qui met en avant son dispositif pour trouver des invités). Les films sont gratuits pour les partenaires AFCAE (et se louent s’ils passent hors cursus), gratuits dans le cadre ARDC pour les exploitant des films de leur catalogue.
La journée s’est parfaitement terminée puisque Eclair a offert un cocktail qui a été particulièrement apprécié au vu du nombre de participants.